Guitar Heaven : l’hommage de Santana

/L’hommage de Santana aux standards de la guitare dans un CD qui fera date : Guitar Heaven.

L’histoire de l’art ne saurait être appréciée sans la notion centrale d’ « hommage ». Chaque génération de créateurs, indiscutablement redevable aux précédentes, manifeste avec plus ou moins de révérence les liens qui les unissent et les fossés qui les séparent.
À cet égard, certains n’hésitent pas à piétiner carrément un héritage qui leur semble devenu trop contraignant. D’autres au contraire, comme paralysés devant le rayonnement des œuvres passées s’en tiennent à de simples paraphrases. Et enfin, d’autres encore célèbrent leurs racines tout en greffant à ce matériau originel, leurs propres conceptions et touches artistiques.
Santana appartient sans conteste à la dernière catégorie. À partir de standards incontournables, le guitariste invite l’auditeur à contempler ces pièces de choix, remodelées pour l’occasion aux couleurs et aux teintes de son univers.

Tel un sculpteur, Santana s’est donc emparé de treize morceaux, autant de fragments tous constitutifs de sa fresque ici dévoilée. D’où la nette impression de cohérence envisagée dès les premières écoutes de l’album.
Sous les mains du créateur, Back in Black d’Acdc, Smoke On The Water de Deep Purple ou encore Can’t You Hear Me Knocking des Rolling Stones, revêtent des saveurs inédites. Des parfums exotiques mêlés à des teneurs plus urbaines et agressives.

En un mot, le projet gravite autour d’un métissage affirmé, de cette tentation de l’universel si chère à Santana. Du coup, les titres initialement rock, deviennent par le concours d’arrangements hip-hop, électros et afros-cubains les reflets d’une histoire musicale exempte de barrières et de clivages inter-culturels.

Toutefois, un tableau si haut en couleurs ne saurait faire l’économie de quelques zones d’ombre. Même si l’idée de convoquer un artiste différent à chaque morceau reste éloquente, certains titres ploient sous la fadeur d’interprétations trop convenues. (Roch Voisine sur Under The Bridge des Red Hot Chili Peppers, Jacoby Shaddix sur Smoke On The Water…). De même que le choix de retenir des titres comme Dance The Night Away de Van Halen ou Photograph de Steve Clark, à côté de Whole Lotta Love de Led Zeppelin et de Little Wing de Jimi  Hendrix peut s’avérer déroutant.

Mais point de méprise. À la croisée des chemins entre tradition et modernité, Santana et ses musiciens virtuoses (Dennis Chambers à la batterie, Karl Pezzaro aux percussions…) sont parvenus à un résultat édifiant. S’approprier des standards puisés au creux du patrimoine collectif afin de tisser un paysage personnel et singulier. Ou quand hommage rime avec innovation.

Guillaume Blacherois


Guitar Heaven de Carlos Santana, ditribué par Sony Music. Sortie nationale le 28 septembre 2010. A partir de 16,50 euros
En concert à Paris Bercy le 12 octobre 2010. Places à partir de 42 euros.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.