La vraie mauvaise idée de la légalisation du cannabis

Par le Professeur Jean Costentin,*
Président du Centre National de Prévention, d’Études et de Recherches sur les Toxicomanies
(C.N.P.E.R.T.)

/La légalisation du cannabis, revendication d’inspiration  idéologique, depuis une quarantaine d’années,  réapparait périodiquement. Les porteurs de cette proposition, ne semblent avoir rien appris, ni rien compris. C’est d’ailleurs un des méfaits très commun du cannabis.
Leur discours ignore les données neurobiologiques, cliniques, épidémiologiques qui ont validé son interdiction.
Évoquons les principales d’entre elles.

– La teneur en THC, (principe actif du chanvre indien) des produits en circulation, a été multipliée par 5 à 10 au fil du temps. Au-delà de l’ivresse, sont atteints le délire et les hallucinations, les manifestations communes de la folie.

– Le nombre des usagers croît, en affectant les plus jeunes ; avec 1.600.000 usagers réguliers et 300.000 gamins qui, entre 12 et 15 ans, l’ont déjà expérimenté. Or, plus tôt on l’essaie,  plus vite on l’adopte et plus intensément on se détériore ; la maturation cérébrale supporte mal l’immixtion du THC.

– « Il n’est de richesse que d’Hommes » ; misant sur l’éducation, on y consacre de gros moyens. On ne doit simultanément favoriser la diffusion d’une drogue qui empêche d’apprendre et ôte l’envie d’entreprendre.

– Éloigner la frontière de l’interdit au-delà du cannabis conduirait ceux qui ont un irrépressible besoin de transgression, d’aller frapper d’emblée à la porte de l’héroïne.

– Utilisé seul, le cannabis est à l’origine de plusieurs centaines de morts de la route ; son association à l’alcool multiplie par 14 le risque d’accidents mortels.

– Au pays des 15.000.000 de fumeurs et des 5.000.000 de sujets alcoolo-dépendants, aligner la législation du cannabis sur celle du tabac et de l’alcool ferait exploser la consommation du « shit », alors que nous en sommes déjà, en Europe, les champions.

– Les arguties des « prolégalisateurs » du cannabis,  occultent complètement ses méfaits :

Par ses goudrons, il est 8 fois plus cancérigène (gorge et poumons) que le tabac ; il déprime l’immunité ; il est la cause d’artérites, d’infarctus du myocarde, d’accidents vasculaires cérébraux, de pancréatites ; il perturbe la grossesse et le développement psycho-moteur du nourrisson qui en naitra. Il crée une dépendance psychique (comme toute drogue) mais aussi physique.
Il altère la mémoire et les capacités éducatives ; il induit  anxiété,  dépressions (avec tentatives de suicides) ; ses relations avec la schizophrénie sont désormais bien établies ; il incite au passage à d’autres drogues (escalade et polytoxicomanies).

Gardons nous bien d’ouvrir plus largement le gouffre du cannabis à nos jeunes, incapables que nous sommes d’en extraire ceux qui y sont déjà tombés.

*Jean Costentin
Professeur de Pharmacologie à la faculté de Médecine & Pharmacie de Rouen
Docteur en Médecine, Pharmacien, docteur ès Sciences
Directeur (1986-2008) de l’unité de neuropsychopharmacologie , C.N.R.S.
Directeur (1999-2010) de l’Unité de Neurobiologie clinique du CHU de Rouen
Membre de l’académie nationale de Médecine
Membre de l’académie nationale de Pharmacie
ancien Président de l’Association Française de Psychiatrie Biologique (1999-2000).

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