Noël à travers le temps et l’espace

 

Avec la fin de l’année, nous est revenue le temps de Noël, de tous les Noëls, catholique le 25 décembre, orthodoxe le 7 janvier. Cette grande fête universelle qui tient son nom de l’expression latine « dies natalis » (jour de naissance) a ainsi été célébrée partout où il y a des chrétiens libres dans le Monde, et depuis des temps immémoriaux, bien avant la naissance de Jésus de Nazareth. Depuis les temps les plus reculés en effet, nos ancêtres et nos prédécesseurs ont fêté la renaissance du nouveau soleil, comparant l’enfant divin au sol invictus de l’empereur Tertulien, à Mithra et aux Mercuriales.

Il faut avant tout rappeler pour comprendre, que malgré les apparences, cette date du 25 décembre n’est pas un anniversaire, mais une commémoration conjointe avec la renaissance du soleil et les jours qui rallongeaient dès lors. Rendons gloire au Soleil qui nous donnent chaque jour la lumière sans laquelle nous ne pourrions pas vivre.Personne ne connait la date de la naissance du Sauveur, ni le jour ni l’année. Cela n’intéressait en aucune manière les premiers chrétiens ; et quand le moine Denis le Petit fut chargé d’en rechercher la date, il se trompa en fixa la date à l’an 754 de la fondation de Rome. Tout le monde le sait maintenant.

Les hommes, d’où qu’ils fussent ont commencé avec reconnaissance par déifier le soleil à qui il devait la lumière et le soleil quant au solstice d’hiver il renaissait. Les Romains, comme les Celtes et les Germains fêtèrent à leur tour avec éclat le retour du soleil dans de grandes fêtes d’hiver. En Russie, c’était « Karatchum » et dans les pays scandinaves « Jul », un lutin qui a donné son nom à cette fête. Plus les jours étaient cours, plus les fêtes en faveur de la renaissance du Soleil étaient importantes.

Dans l’Empire romain les fêtes agraires se développèrent à la même époque. Ce furent d’abord les Saturnales, du 17 au 24 décembre, puis le culte du dieu Mithra, né d’une vierge dans une grotte, que l’empereur Tertulien réunit dans le culte du Sol Invictus, (le soleil invaincu), avant même que Constantin 1er ne lui donna une légitimité chrétienne par l’édit de Milan en 313. Un peu plus tard, vers 330, il fixa la date au 25 décembre mais ce n’est qu’en 354, sous le pape Liberius que la fête de la naissance de Jésus fut instituée à Rome. Mais l’Eglise d’Orient qui jusqu’alors célébrait la naissance du Sauveur le 6 janvier, adopta elle aussi le 25 décembre à l’initiative de Saint-Grégoire de Naziance,  mais à cause de la différence de calendrier, il y eut 13 jours de différence dans le calendrier civil. En 425, l’empereur Théodose codifia les cérémonies de la fête de Noël qui devint dès lors une fête exclusivement chrétienne avant qu’elle ne devienne une fête d’obligation en 506 au concile d’Agde et un jour férié en 529. Au cours des siècles suivant la fête de Noël ne cessa de se développer en Europe, Ve siècle en Irlande, VIIe en Angleterre et VIIIe en Allemagne. L’Eglise désirant christianiser totalement l’Europe fit de Saint-Nicolas de Myre protecteur des enfants, des veuves et des gens faibles celui qui descend du ciel le 5 décembre pour apporter des cadeaux aux enfants. Mais l’événement religieux a été accompagné d’un autre rituel, profane celui-là, mercantile même, malgré ses origines religieuses et mythologique très anciennes, celui de la venue d’un vieillard barbu apportant des cadeaux aux enfants.  

Depuis lors, malgré les préjugés protestants qui voulurent se débarasser de lui, le saint Evéque a gardé dans une grande partie de l’Europe du Nord et de l’Est, une grande vénération, bien qu’on ait maintes fois tenté de le remplacer, par le Christiking (l’Enfant Jésus) et Sinter Klaus, un personnage semi laïc qui entama la désacralisation de la grande Fête de la Nativité. Néanmoins, le folklore de Noël lui adjoignit « le Père Fouettard » dont l’identité se décline selon les lieux. Au XVIIIe siècle cette désacralisation s’accentua dans les pays germaniques où on tenta de remplacer les figures chrétiennes par des lutins, des fées, etc.  L’Homme de Noël devint le Wethnaschamm tandis qu’en Angleterre il est le Father Christmas. Les protestants hollandais, voulurent remplacer saint-Nicolas par Sinter Klaus, vers 1821, puis Santa Klaus qui furent des ancêtres du Père Noël. A côté de lui et de Saint-Nicolas se manifestèrent le Père Chalande en Savoie, le Père Janvier en Bourgogne, Olenzao en Pays Basque. En Russie, à la fin des années 1800, apparut Ded Moroz, lointain descendant de Morok, le dieu de l’hiver et du froid des anciens slaves, toujours accompagné de sa petite fille Snégourochka, la Fée des Neiges. Pendant les fêtes d’hiver, les jeunes gens parcouraient la campagne en chantant les Koliadki, des chansons festives en l’honneur du retour de la lumière et de la naissance du sauveur.

En France le Père Noël ne s’imposa que pendant la seconde guerre mondiale, par une chanson de Tino Rossi, avant de se répandre dans tout le pays sous l’action de l’épandage « culturel » américain imposé par le plan Marchal.

Après la célébration de la renaissance de la Lumière, le cycle de Noël va s’achever douze jours après par l’Epiphanie qui rappelle la venue des rois mages à la Crèche venus rendre l’hommage des peuples d’orient et d’Occident au jeune Sauveur de l’humanité en détresse. Le cycle de Noël chrétien commencé par l’avent s’achève par l’Epiphanie le 6 janvier

De nos jours, la fête chrétienne de Noël s’est déchristianisée pour n’être plus qu’une « grosse bouffe » pour de plus en plus dans de plus en plus de familles apostates, mais reste quand même une fête de famille réunie autour d’un grand repas, une idée qui n’est pas neuve puisqu’elle remonte à la plus haute antiquité, quand les païens honoraient leurs ancêtres. A cette trahison religieuse, une trahison culturelle se développe de la part des pseudos élites républicaines qui tentent d’éradiquer l’ancienne tradition de la crèche apparue en France au XIVe siècle.     

Jean-Bernard Cahours d’Aspry, décembre 2017             

Photos : figurines Vlleroy et Boch.

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