Derrière l’horizon

Deux jeunes français débarquent au Brésil les poches pleines d’argent et de drogue pour participer à un festival de musique. Leur seul moteur semble être de gaspiller leur fric et leur vie aussi vite et mal que possible. Quand, quittant le festival, ils s’enfoncent dans l’arrière-pays brésilien, ils larguent leurs copines sur le bitume pour partir vers le sud, sans savoir encore que ce voyage les mènera au bout du continent américain et de leurs limites.

Derrière l’horizon apparaît comme une version brute des deux précédents romans d’Olivier Maulin, En attendant le roi du monde et Les évangiles du lac dont l’écriture leur serait antérieure. On y retrouve certains thèmes essentiels de son œuvre : le désenchantement du monde, la quête effrénée d’un ailleurs, par la drogue, le sexe, le voyage mais aussi par un humour noir et décalé, qui fait de Guillaume et du narrateur d’insupportables nihilistes que l’on envie autant qu’ils nous répugnent.

L’écriture, plus immédiate et caustique que dans le roi du monde et les évangiles, semble réduite à sa plus simple expression, donnant à ce roman une forme brève, rapide et insolente, à l’image de l’existence des deux anti-héros qui promènent leur cynisme et leurs paroles acides dans les régions reculées de l’Amérique du Sud, en voiture, à moto où, quand ils ont planté tous leurs moyens de locomotion, en stop puis à pieds.

Dans ce roman, où Olivier Maulin se borne à narrer un voyage initiatique sans camper, comme dans les deux précédents, de personnage incarnant une forme de réenchantement du monde, brillent toujours des phrases sorties du cerveau aviné de personnages absurdes prenant immédiatement valeur d’aphorisme :


«  Emil Ludwig dit que vivre en couple, c’est la pire des choses qui puisse arriver à un homme. Il dit qu’il y a longtemps, il a vécu avec une femme qui l’obligeait à se réveiller tous les matins pour chercher du travail. Mustang Maestri saute dans tous les sens au fond de la pièce. Il prend son élan et se jette contre les murs, les bras écartés, il tombe, se relève, il gueule comme un putois.
– Tous les matins, elle me réveillait. Emil Ludwig, réveille-toi et va chercher du travail. J’en fais encore des cauchemars. C’était comme dans un camp. »

Olivier Maulin, Derrière l’horizon, L’esprit des péninsules, 187 pages, 17,90 €

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