Comment rétablir le dialogue entre les deux « France »

Par Jean Castarède*

/Vendredi 24 septembre, devant un parterre restreint et choisi des invités de la Revue des Deux Mondes, Jean-Claude Trichet, le Président de la Banque européenne qui est sur la brèche depuis plusieurs années et a fort bien géré la crise, incitait ses auditeurs à la rigueur et au respect du pacte de stabilité. Pour cela, il nous faut du courage.
Á la même heure, les syndicats décidaient deux jours de manifestations ou de grèves les 2 et 12 octobre.

Je viens d’organiser des rencontres avec des chômeurs ou des entrepreneurs que nous essayons d’aider grâce à un fonds que le M.B.C., autre association dynamique, vient de créer en liaison avec le réseau Entreprendre Paris.

Ces chômeurs ou entrepreneurs, prêts à accepter tous les sacrifices et à reprendre des activités à condition qu’on leur donne leurs chances (ce qui est le but de cette association), me disaient : Nous ne sommes pas hostiles aux réformes, mais comment justifier que nous ayons été indirectement les victimes de spéculations abusives ayant entraîné un risque potentiel à 27% du PIB mondial. (Chiffre annoncé par Jean-Claude Trichet lui-même).

France Inter, Radio nationale, toujours libérale, donne depuis des décennies l’antenne et la parole à Daniel Mermet à 15 heures pour son émission Là-bas si j’y suis qui est un torrent d’invectives contre le système capitaliste. Il est intéressant de l’écouter pour mesurer le degré d’incompréhension entre les deux France, que Jean-Pierre Raffarin a désignées d’une formule : celle d’en haut et celle d’en bas.

Fondateur en 1967 avec Paul Marie de La Gorce, hélas aujourd’hui disparu, du club Nouvelle Frontière, à tendance « gaullistes de gauche », nous étions à l’époque encouragés par le Général qui craignait la dérive droitière de ses amis. Je suis particulièrement sensible à l’absence de dialogue qui règne aujourd’hui entre les deux « France », celle qui souffre, injustement châtiée par les erreurs du dérèglement mondial et par les appétits cupides de certains spéculateurs, et celle de ceux qui s’efforcent, à bon escient, de justifier notre système libéral.

Pour les réconcilier, il faut d’abord donner l’exemple de la rigueur.
Il faut être courageux en créant de véritables instruments de gouvernance mondiale et de lutte contre les spéculateurs et les paradis fiscaux. Il faut repenser le capitalisme en adaptant ses règles et ses principes. Le dernier livre de Cohen ouvre des pistes. Une grande croisade pour instaurer le dialogue entre les gens de bonne volonté est nécessaire. Il faut l’ouvrir afin que notre pays ne se laisse pas séduire par les démons de l’invective et de l’incompréhension d’autrui.

*Président des éditions France-Empire, Jean Castarède est l’auteur des ouvrages de références dans le domaine du luxe.
Chef de la rubrique « Tendances » et président d’honneur du prestigieux Comité de parrainage de CultureMag.

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