Escapade dans les Alpilles 1/2

/Première partie de notre escapade dans les Alpilles : art et patrimoine

Au cœur des Alpilles, à quelques kilomètres l’un de l’autre, Saint-Rémy et les Baux-de-Provence attirent chaque année les touristes et les célébrités, à raison.

Arman s’installe aux Baux-de-Provence

Le village des Baux-de-Provence, qui se place juste derrière le Mont-Saint-Michel pour le nombre de visiteurs, accueille jusqu’au 16 octobre 2011 les œuvres d’un artiste non moins célèbre : Arman.

L’alliance peut paraître surprenante, entre une architecture renaissance remarquablement conservée dans le parc naturel régional des Alpilles et l’œuvre éclectique d’un artiste qui n’a eu de cesse de s’intéresser aux objets du monde moderne qu’il a souvent détournés avec beaucoup d’ironie. Et pourtant, le pari est réussi.

Pour le village des Baux-de-Provence qui vit principalement de l’activité touristique (il compte à peine plus d’une vingtaine d’habitants dans la vieille ville) l’objectif est d’attirer un public différent et de présenter une autre image que celle des boutiques de cigales et de bouquets de lavande qui envahissent les rues et ne plaisent que très modérément au maire. Celui-ci, féru d’art moderne et contemporain, se plaint en effet de la vente de ces bouquets souvent fabriqués en Chine qu’il aimerait voir disparaître, au moins en partie. Pour cela il fallait orienter les touristes vers quelque chose de plus ambitieux, quelque chose comme l’œuvre d’un artiste de renommée internationale qui puisse toucher les étrangers qui composent la moitié du million et demi de visiteurs chaque année.

L’exposition Arman pose donc les jalons d’un parcours d’art contemporain qui devrait s’établir sous forme de biennale dans les vieilles rues des Baux-de-Provence. Loin de chercher à concurrencer les musées qui, comme le centre Pompidou récemment, organisent des rétrospectives de l’œuvre d’Arman, la mairie a imaginé avec la fondation Arman que  préside la fille aînée de l’artiste, un parcours pédagogique qui plaise autant aux enfants qu’aux adultes, aux néophytes qu’aux initiés. Pour installer ce parcours qui présente bien sûr des œuvres de l’artiste mais reconstitue également ses ateliers de travail, les habitants de la cité ont été conviés à mettre la main à la pâte, de manière à être réellement impliqués dans l’événement.

Une belle réussite pour ce parcours qui s’étale dans plusieurs lieux pour finir à l’étage du musée Brayer en proposant à la fois des sculptures, des photographies, des films, des projections de nuit et des tas d’objets rassemblés par les habitants à la manière d’Arman.

Un village, un château et le Val d’Enfer

Sis au sommet de la roche, le château médiéval des Baux (bau signifie escarpement rocheux en provençal) domine la vallée et fut longtemps réputé imprenable. On y grimpe désormais volontiers pour s’étonner des formes étranges que prend la roche calcaire dans laquelle la forteresse a été construite et pour le panorama qu’offrent les tours de garde sur la Camargue, la Crau, les Alpilles et jusqu’aux lointaines cheminées fumantes des aciéries de Fos qui bordent la mer.

A quelques encablures de là, dans les anciennes carrières de pierre où se trouve le Val d’Enfer, une anfractuosité minérale qui servit notamment de décor à Cocteau pour tourner son Testament d’Orphée, la société Culturespaces qui gère entre autres le château des Baux, le Théâtre Antique d’Orange, les Arènes de Nîmes ou encore le musée Jacquemart-André de Paris, va ressusciter en mars 2012 l’ancien spectacle « Cathédrales d’Images » sous le nom de « Carrières de Lumière ». Dans une mise en scène de Gianfranco Iannuzzi un spectacle de sons et lumières projettera des œuvres de Gauguin et Van Gogh sur les parois rocheuses de la carrière.

/Saint-Rémy-de-Provence au cœur des Alpilles

Du village des Baux qui fut offert en marquisat aux Grimaldi au milieu du XVIIe siècle et dont les princes de Monaco conservent le titre honorifique, on peut rejoindre Saint-Rémy-de-Provence en traversant à pied le parc naturel régional des Alpilles. S’étendant sur plus de 50 000 hectares, ce cinquième parc régional de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a été créé en 2007 dans le but de préserver l’environnement des Alpilles dont la richesse écologique en fait l’habitat privilégié de certaines espèces rares telles que l’Aigle de Bonelli, le Vautour percnoptère, le Faucon crécerellette ou le Hibou grand duc que l’on peut observer certains jours avec des guides naturalistes.

La ville de Saint-Rémy est considérée comme une des plus anciennes de France. Fondée par les Celto-ligures environ cinq siècles avant Jésus-Christ, elle fut hellénisée deux siècles plus tard et devint romaine vers 120 avant notre ère sous le nom de Glanum. Au carrefour des axes de circulation est-ouest des Via Domitia et Via Aurélia, et nord-sud avec la Via Agrippa, la ville se développe et s’enrichit alors rapidement. Elle est très réputée pour son architecture et sa création artistique assez particulières. Un des premiers barrages en voûte du monde romain y est construit pour alimenter l’immense réseau d’irrigation qui fait encore aujourd’hui de cette région une des plus vertes et fertiles du sud de la France. L’exploitation des carrières de pierre contribue également à la prospérité de la ville qui sera envahie et rasée par les Vandales et les Visigoths vers 260. C’est après ces invasions que la ville s’est déplacée un peu plus au nord. Au VIe siècle elle est libérée des Visigoths par Clovis et Saint-Rémy, évêque de Reims et baptiseur du roi des Francs. On raconte que lors de son passage Saint-Rémy sauva miraculeusement une jeune fille dont le père, riche propriétaire, offrit ses terres et les revenus de sa ville en remerciement. La ville devint ainsi patrimoine du Monastère Saint Rémy de Reims et prit le nom de Saint-Rémy-de-Provence et longtemps son huile d’olive servit à l’onction des rois de France à Reims. Nostradamus, grand médecin et astrologue de Catherine de Médicis est né en 1503 à Saint-Rémy. Et puis, au XIXe siècle ce sont de grands artistes comme Van Gogh, Frédéric Mistral natif de Maillane à quelques kilomètres de là et Gounod qui y séjournèrent. Depuis le XXe siècle, on ne compte plus les célébrités qui viennent y séjourner ni les galeries d’art qui ont ouvert leurs portes.

À suivre la semaine prochaine dans CultureMag.

Photo : Oliveraie Entreconque.

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.