Les affaires reprennent…

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Selon Artprice, à la mi-2017, le marché de l’Art mondial a mis fin à deux années consécutives de ralentissement : le marché américain reprend des couleurs, le chinois se restructure et la France est quatrième.
« Alors que l’Art d’Après-guerre et l’Art Contemporain pesaient respectivement 8% et 3% du produit de ventes mondial il y a 17 ans, leurs parts de marché s’élèvent aujourd’hui à 21% et 15% ».

Du coup l’AC reprend ses petites transgressions entre amis.

L’historienne de l’art Charlotte Laubard, directrice artistique de la prochaine Nuit Blanche du 7 octobre à Paris, a occupé de hautes fonctions entre Genève, Bordeaux, New-York ou Turin. Et le niveau de la 16ème édition de Nuit Blanche s’en ressent. Ainsi le Conservatoire national des Arts et Métiers accueille, « L’assemblée des Culs » sic, une troupe de musiciens qui questionne le langage en cachant leurs visages avec des masques en forme de fessiers : « L’idée, nous faire réfléchir sur les âneries qu’on peut dire quand on parle sans réfléchir ».

A la Biennale de Lyon, c’est plus « hard » : Emma Lavigne, directrice du Centre Pompidou Metz, y est commissaire, et ravie de la vive polémique née au Mexique autour d’une exposante « l’artiste américaine Jill Magid (qui) a proposé  de transformer en diamant les cendres de l’architecte Luis Barragan, héros national de la modernité. Sa mémoire est aujourd’hui « gérée » par  la fondation de design Vitra, qui en interdit tout accès. En demandant à déterrer le corps de Barragan, Jill Magid pose des questions sur la possibilité de créer à partir de cet héritage révolutionnaire. Elle remet en circulation cette mémoire privatisée, elle l’active en la replaçant dans le flux de la création »(1) sic.

On voit tout l’intérêt de cette nécrophilie artistique, c’est évident, fort convainquant puisque la possibilité de la révolution est replacée dans le flux (pour résumer). Ainsi,  on comprend mieux la dernière phrase de notre commissaire : « les réactions de la société mexicaine ont été très violentes » semble-t-elle déplorer. Il est curieux de voir un fonctionnaire de l’État évoquer positivement ce type de pratiques artistiques, la France étant un des rares pays où il est strictement interdit de faire joujou avec les morts, la condamnation des expositions de cadavres de Gunther von Hagens est venue le rappeler en 2009.  Les Mexicains, de grossiers personnages, n’ont donc pas pu comprendre les bonnes intentions de l’artiste d’AC, ils ont réagi : ce sont clairement des réactionnaires. Ce qui est fabuleux avec l’AC, est que sa victime, qui se défend, est suspectée de violence, alors que les acteurs de l’AC ne voient jamais leur propre violence à l’origine de celle des autres. Le tour de passe-passe sémantique est enfantin et  même (pour rester dans le ton) un peu « faux cul » : requalifier la violence en …art !

J’en connais qui vont rajouter un codicille au bas de leur testament : « défense de transformer mes restes mortels en œuvre d’Art » … et resteront couchés la nuit du 7 octobre…

Christine Sourgins

(1) Le Monde du 21 septembre 2017, p.3.

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