Voyage au cœur du Yunnan

/Le voyage de Constantin de Slizewicz au cœur du Yunnan. Une traversée de la Chine comme seul un Français un peu fou, installé depuis dix ans dans le pays, peut l’envisager. Colères, prières, rencontres, souvenirs, impressions, confrontations singulières.
Ce livre est un joyau, caustique et chaleureux, pour tous les  amateurs de littérature d’aventure.

Les Français ont toujours aimé partir en Chine. Prêtres et aventuriers de tout poil ont découvert alors un continent, un peuple et l’immensité des territoires, régions, villes, montagnes. Chacun y a rapporté un fragment de vérité.
Constantin de Slizewicz a toujours eu un faible pour le récit du révérend père Huc. Parti notamment sur ses traces, il en a même rapporté un livre, Les Peuples oubliés du Tibet, qui va bien au-delà de ses péripéties spirituelles et nomades. Car Constantin a sa religion catholique chevillée au cœur.
Il a aussi lu les souvenirs du consul Auguste François, Le Mandarin blanc, qui vécut dans le Yunnan de 1898 à 1903 ; comme lui il sait qu’il faut vivre là-bas en solitaire, à pied et à cheval, connaître la langue. Il a fait siens ses propos : « Vivre dans ce monde, jamais réellement pénétrer la nature des gens, ni s’assimiler à un milieu aussi étrange, forme en moi un composé très bizarre et j’acquiers une mentalité qui me rend étranger partout. Entre la France et moi s’élève un brouillard de plus en plus épais à mesure de la marche du temps » ( ).

Ce Toulonais né en 1977, étudiant en commerce à Lyon, s’est réveillé un beau matin en conquérant.
Celui que ses amis surnomme volontiers Tintin en a étonné plus d’un. Il s’est découvert une âme de marcheur, de fonceur à bord d’un side-car (le Scarabée), de sage aussi, en méditant auprès de gens simples, d’hommes de foi et de pauvres souriants en buvant le thé des intrépides. Cette « traversée des apparences », ce livre brillant, radieux, cette longue marche de Pékin jusqu’aux marches du Tibet, puis cette montée dans le Sichuan jusqu’au lac Lugu, – sorte de « shangrila » qu’il découvre comme un nouveau paradis -, nous en devenons les complices, nous lecteurs jamais rassasiés.
« Etouffé, asphyxié, je n’ai pas encore trente ans et le monde est déjà mort en moi, s’exclame t-il à la fin de son long périple.  (…) En partant pour le lac Lugu, je demande une réparation, un rétablissement de ma vie intérieure, par la simplicité, la solitude, la joie, par le doux abandon, par le contact quotidien avec une nature vierge, la rencontre d’hommes vrais, d’âmes pures, d’êtres presque célestes ». Et ce dernier aveu : « Je sais qu’au milieu d’eux, plus je serai moi-même, avec intensité, plus les autres se retrouveront en moi».

Alors, inutile de raconter ses aventures : lisez-les, prenez avec lui  « des routes obliques, des chemins ambigus, des parcours insolites ». Ceux qu’il a partagés avec son ami Alex, frère de poussière sur ces routes ardues. Vous appréhenderez une Chine méconnue, celle d’aujourd’hui, celle d’un nouveau consul, un Français généreux qui n’a pas peur d’ouvrir ses bras et son cœur.

Ivre de Chine, voyage au cœur de l’Empire
de Constantin de Slizewicz
Perrin, 233 pages, 19, 90 €

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.