Michel Houellebecq, Interventions 2

/><b><span/Auteur de quatre excellents romans, Michel Houellebecq publie régulièrement des articles dans la presse française. Flammarion les regroupe ici dans un recueil qui nous montre un écrivain fidèle à lui-même, plein de cynisme et d’humour, qui bâcle parfois, mais n’oublie jamais d’être intelligent.

Si les grands écrivains sont ceux qui savent décrire leur époque, alors Michel Houellebecq est l’un d’entre eux. Dans quelques dizaines d’années, les lecteurs se référeront sans doute à son œuvre pour comprendre comment ce millénaire a débuté.

Son style sec, tout aplati sur l’horizon, relevé seulement par ses nombreux sursauts de cynisme, lui permet de faire parler notre siècle. Ses quatre romans valent surtout pour leur faculté à résumer le modernisme par quelques aphorismes cinglants. Houellebecq ne sait pas faire autre chose et semble donc condamné à réécrire, indéfiniment, le même roman.

Houellebecq se révèle toujours inspiré quand il rédige de simples articles, car il n’a plus alors à faire de concessions à la littérature. Interventions 2, qui vient de paraître chez Flammarion et qui regroupe la plupart de ses papiers parus dans la presse, est donc un livre réussi.
« Jacques Prévert est avant tout un libertaire ; c’est à dire, fondamentalement, un imbécile », écrit-il dans le premier article de ce recueil, avant d’observer, dans celui qui le clôt, que la prose d’Alain Robbe-Grillet est comparable à la coupe de sol en agronomie, soit « une compilation fastidieuse et vide de sens de données expérimentales ».

Entre les deux, nous découvrons un subtil éloge du cinéma muet, une description ahurissante des touristes allemands, une biographie de Neil Young, le récit du deuxième salon de la vidéo hot… Dans Interventions 2, Houellebecq parle de tout, sans aucun scrupule. Malheureusement, peu à peu, son style se dégrade, sans atteindre, toutefois, le bâclage de ses derniers articles parus dans Paris-Match.

Houellebecq fait aujourd’hui don de sa personne à l’industrie du divertissement. Entre ses copinages avec BHL et Iggy Pop, son film déplorable et ses éloges de Carla Bruni, il semble oublier sa vocation d’écrivain. Espérons qu’il arrivera à surmonter son époque et à se remettre à écrire sérieusement. En attendant, nous pouvons nous délecter des quelques perles que recèle Interventions 2, où Houellebecq reste fidèle à la fonction du poète selon Baudelaire : être « une âme collective qui interroge, qui pleure, qui espère, et qui devine quelquefois ».

Guillaume Etievant

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