La poésie chinoise à l’honneur

"""Comment aborder la poésie chinoise si l’on n’est pas un spécialiste de la Chine ? Comment l’appréhender ne disposant que de traductions ?
La présentation de cette anthologie promet de s’en rapprocher, de saisir le mouvement très rapide d’oscillation.

Le poète des dynasties passées aime les paysages, s’applique avec ardeur à les décrire, utilise des paroles magiques dans un style délicat sans affectation. Il instille dans ses poèmes la représentation d’un fait, pour donner l’idée d’un autre fait.
C’est dans ce contexte que le poète tire le plus vif et le plus dur de sa charge émotionnelle. Souvent allusif, parce que le pouvoir politique de son époque lui présente une réalité que le pouvoir politique ne permet pas de transcrire crûment. La mort, la guerre, l’exil, les fantômes, la maladie, la surimpression des saisons, la tristesse, les peines de cœur sont ses sujets de prédilection ; l’espoir d’obtenir un poste dans l’administration et, au bout du compte, ne rien obtenir.
La joie  de contempler un paysage permet au poète d’oublier sa mauvaise fortune. Il y a chez lui « derrière la luxuriance des images et des allusions, un symbolisme ambigu mais riche en résonance ».

Le poète vit à l’écart du monde officiel, témoigne de la désintégration d’une dynastie ; un autre défie ceux qui l’accusent d’intentions coupables ; un troisième chante son désespoir, voit ses cheveux blanchir, constate l’anéantissement des promesses. De plus malins visent avec une habileté consommée à flatter le pouvoir sans rien laisser paraître.

La poésie chinoise dépasse les classes et les époques. Elle est avant tout un art populaire et souverain. L’alcool aidant, elle est l’antidote à la cruauté humaine. Aujourd’hui encore les enfants scandent des vers anciens. La poète annonce les vicissitudes qui accablent le peuple. La poésie de la Chine ancienne se distingue par un art ferme, compact, équilibré, concis, incisif. Un balancement d’oppositions toniques. Le lecteur occidental s’embarque  dans un monde inédit et neuf.

James Boswell notait : « Il y a plus de savoir dans la langue chinoise que dans n’importe quelle autre langue ». André Malraux écrivait : La Chine est l’autre pôle de l’expérience humaine ».

Cette anthologie nous fait pénétrer dans le jardin des Hespérides où chaque poème est une pomme d’or.

Alfred Eibel

Anthologie de la poésie chinoise, sous la direction de Rémi Mathieu.
Bibliothèque de La Pléiade
65 € jusqu’au 30 juin 2015,
72,50 € à partir du 1er juillet 2015.

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