Féminisme : et si la véritable ennemie de la femme était la femme

/Depuis la débâcle du collectif féministe la Barbe sur le plateau de Canal+, le féminisme s’est de nouveau invité dans le débat.
Le constat des féministes est celui-ci : la parité n’est toujours pas de mise dans certains partis politiques, dans de nombreux conseils d’administration de grandes entreprises françaises ou encore dans les médias.
Pour un pays dont la devise est égalité, cela laisse effectivement songeur.

Mais en disant cela, on n’aborde pas le fond du problème qui est : pourquoi les femmes, malgré des décennies de féminisme acharné et de lutte pour le pouvoir ; malgré le fait qu’on nous rebatte les oreilles avec cette inégalité depuis notre naissance, pour tous ceux qui sont nés après les années 60 et à qui poussent régulièrement des furoncles d’antiféminisme primaire quand l’atmosphère devient trop pesante, un peu de la même manière que les pics de pollution favorisent l’acné juvénile, pourquoi n’y sont-elles toujours pas, au pouvoir, à la tête des partis politiques et des grandes entreprises, une place que, pour ma part, je leur cède volontiers, par indifférence plus que par galanterie, dois-je l’avouer ?

Et si, me suis-je soudain pris à songer, si les femmes s’excluaient elles-mêmes du champ médiatique, politique, dirigeant ? Si les femmes étaient les vraies coupables de leur non représentativité ? Si c’étaient elles les vraies sexistes ? C’est vrai, dans le fond, pourquoi pas ? Depuis le temps qu’elles se battent, elles auraient dû y arriver, au pouvoir. Or, non, elles continuent de manifester, de performer et d’happener pour être plus visibles. Comme si elles n’occupaient pas déjà 85% de notre cerveau et de notre attention !

C’est une femme qui m’a mis cette idée en tête, une journaliste-enseignante-réalisatrice, soixante-huitarde assumée, féministe avérée, femme libérée s’il en est, cultivée et intelligente qui, alors que la conversation avait dérivé sur les rapports hommes-femmes, me dit soudain cette phrase superbe : le pire ennemi de la femme, c’est la femme. Elle en voulait pour preuve qu’après s’être séparée de son homme, elle avait traversé une longue période de désert social, ses amies, qui étaient toujours en couple, ne l’invitant plus jamais à dîner. Son ex, lui, n’avait pas ce problème car, me dit-elle, ce sont les femmes qui font les invitations (désolé pour le cliché machiste, il ne vient pas de moi) et elles invitent sans aucun problème un homme seul mais pas une femme, à moins de juger que celle-ci soit vraiment (sexuellement) inoffensive. On ne fait pas délibérément entrer le loup dans la bergerie.

Montant cette histoire en épingle, j’en suis donc parvenu à ce constat, peut-être stupide, sans doute erroné mais qui a, à mes yeux, l’avantage de nourrir un débat qui s’enlise dans de sempiternelles revendications : du mimétisme rivalitaire au constat que font les féministes sur leur trop faible représentativité dans la vie publique, il n’y a qu’un pas à franchir pour affirmer que les femmes s’excluent elles-mêmes, par rivalité, par lutte contre sa semblable, ce qui, dans le fond, est tout ce qu’il y a de plus naturel. Car il est reproché aux hommes d’exclure les femmes du champ médiatique et politique mais la vérité, c’est que les hommes ne craignent pas les femmes, ils les aiment ; ce sont les femmes qui se craignent et s’excluent elles-mêmes. Les vraies sexistes, ce sont elles, par rivalité. Il est de coutume de dire que le monde politique est machiste mais on ne s’est jamais demandé si les femmes politiques n’étaient pas plus machistes que les hommes, avides de défendre leur pré carré et peu désireuses de se voir voler la vedette par une autre. Tout est affaire de rivalité dans les sphères du pouvoir, or la rivalité s’exerce en premier lieu sur ceux ou celles qui nous sont le plus semblables, sur nos doubles.

Paraphrasant René Girard, on pourrait conclure que, pour régner, « la femme expulse la femme » et que, maligne comme elle l’est, car je refuse de la croire si aveugle à son propre jeu, elle rejette la faute sur l’homme qui, tout à fait innocent, fait un coupable parfait.

4 Comments

  1. Vous analysez assez bien la situation. Mais vous partez d’un postulat faux, toutes les femmes ne sont pas féministes.

    Hier encore, une jeune femme avocate pénaliste décrivait sa situation à notre fille étudiante en droit: Des horaires impossibles, du travail aléatoire, donc pas de vie de famille et un salaire de misère!

    On exige des femmes qu’elles soient des super-woman mais elles sont rares et elle doivent faire des choix au détriment du travail ou de la famille, alors qu’elle pourrait le faire au détriment des loisirs ou de la pose café.

  2. Vous avez raison, aussi devrions-nous peut-être en conclure que le féminisme n’a été récupéré par la politique qu’à partir du moment où il n’avait plus lieu d’être un combat. Péguy le disait déjà : tout commence en mystique et finit en politique. Comme toujours la politique sent tourner le vent après tout le monde et s’attaque à des valeurs dépassées. Je l’ai déjà écrit à propos de l’Hadopi : notre gouvernement est tout ce qu’il y a de plus réactionnaire et la gauche ne vaut pas mieux (peut-être pire même mais mieux vaut ne pas s’engager sur une comparaison des pires).
    A Ohlala : rassurez-vous, je sais bien que le féminisme n’est plus qu’une vieille nippe dont s’accoutrent ceux (celles) qui semblent débarquer dans le monde après avoir vécu toute une vie derrière un écran de télévision. Vivement que nous soyons débarrassés de ces combats surannés qui nous asphyxient depuis des décennies. Nous pourrions peut-être enfin discuter de ce qui nous préoccupe vraiment aujourd’hui.

  3. Bonjour,

    Je cherchais justement un magasine parlant d’art et de culture, je tombe sur ce site et en particulier sur votre article… quelle chance!
    Lorsque je lis vos propos réducteurs et vos conclusions simplistes je je suis sûre que ce magasine n’est pas fait pour moi…
    Donc au revoir et merci de m’avoir éclairée aussi rapidement!

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  1. Le féminisme ennemi des femmes ? - LJA

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