Par Christine Sourgins
La rentrée commence avec une bonne nouvelle : un Van Gogh a été retrouvé dormant dans le grenier d’un collectionneur, persuadé qu’il s’agissait d’un faux.
L’œuvre, « Coucher de soleil à Montmajour », a été dévoilée hier au Musée Van-Gogh d’Amsterdam, authentifiée par une équipe d’experts. Ce paysage de chênes des environs d’Arles, est mentionné par Van Gogh dans une lettre à son frère Théo datant du 4 juillet 1888 dans laquelle il décrit le tableau.
Des analystes scientifiques ont confirmé l’attribution. On ne sait qui est l’heureux collectionneur, mais la toile sera visible, dès le 24 septembre et pendant un an, au Musée d’Amsterdam, qui abrite la plus grande collection de Van Gogh au monde, (140 toiles… plus une).
En cette année de célébrations du célèbre jardinier du Roi, Le Nôtre, de « Nouvelles Folies Françaises » sont exposées dans les Jardins du Château de St Germain en Laye jusqu’à mi octobre.*
Une exposition discutable mais qui n’empêche pas de venir admirer l’œuvre du grand Le Nôtre dans le parc.
Saint Germain en Laye semble courir après sa rivale, Versailles, affichant elle aussi un énième hommage à Le Nôtre, conçu, à nouveau, sur le principe paradoxal de l’hommage-croque en jambe, cher à l’Art dit « contemporain ». Ainsi pour fêter l’inventeur du jardin à la française, donc d’un monde organisé par la raison, Penone montre à Versailles des arbres déracinés, emmêlés, foudroyés, à l’envers une pierre sur les racines, s’inspirant ouvertement de la tempête de 1999 qui a dévasté le chef d’œuvre de Le Nôtre…
Dans les jardins de St Germain en Laye, l’exposition est intitulée « Nouvelles folies françaises ». Mais pourquoi « Nouvelles » folies françaises en un lieu où il n’y a jamais eu la moindre ancienne folie ? Les folies, classiques ou exotiques, à la mode dans les jardins paysagers au 18ème, n’ont jamais existé au château de Saint-Germain.
Il est curieux que ce soit Rainer Gross, l’un des participants à cette exposition, qui le rappelle sur le cartel explicatif de son œuvre… Son œuvre est censée s’intégrer harmonieusement dans les lieux mais, au delà du discours promotionnel, elle casse de façon grossière la perspective de la Terrasse, au point qu’une promeneuse croyait à une palissade cachant des travaux autour d’une statue…
-Mais non Madame c’est de l’Art très contemporain.
-Alors là, je sais bien que l’art n’est pas fait pour être beau (sic) mais, dit la dame fâchée, quand même …!
Une certaine improvisation semble avoir régné dans les « installations » : les cartels ne correspondent pas à ce que l’on voit. L’œuvre de Fabrice Langlade promet une pyramide avec nénuphar, lapin, tulipe, cerf et scaphandrier etc… alors qu’on découvre 3 sculptures échelonnées, plates et blanches comme des fèves.
– Pourquoi ? s’étonne une visiteuse.
– Parce qu’on croit qu’à St Germain on a « de la galette » ! s’exclame son interlocuteur, dubitatif sur l’origine du financement de ces « folies » car ,qui dit argent public, dit poche du contribuable.
Plus loin, dans un bosquet, de petites boites éclairées montrent des radiographies de crânes, de squelettes, l’œuvre est un brin morbide mais le commentaire précise : « un hommage aux hommes qui ont créé ce jardin ». C’est Le Nôtre qui va être content qu’on lui rappelle qu’il est mort, et les jardiniers actuels donc ! Eux aussi ont créé ce jardin : ils gratteront désormais la terre en songeant qu’ils vont y retourner…
1er prix de l’humour noir à YU Sung Il ? Non, il est battu d’une courte tête, pardon d’une trompe, par le petit éléphanteau blessé qui gambade dans un parterre ; un cartel proclame alors « depuis toujours une des principales questions que se pose l’humanité est : que faire du cadavre ? ». On se pose des questions bizarres à St Germain !
La palme de la rigolade revient à la Colonne Pascale. Constitué d’ustensiles de cuisine, ce totem de faitouts, penche un peu (une influence pisane peut-être ?) mais surtout il est bien mis en situation. Ainsi le panneau qui proclame l’excellence du chef-d’œuvre se conclut par : « Totem mais aussi symbole des besoins naturels humains ». Or ce glorieux symbole est planté à côté des toilettes publiques : on savait l’AC contextuel, mais quel sens de l’à-propos !
Espérons que les associations de défense du consommateur aient le même humour, sinon gare à l’affiche. Celle-ci met en valeur l’œuvre de Van der Hurk, peut-être une des rares plastiquement réussie. Sauf quand une bourrasque la disloque, certains visiteurs ont pu alors en recueillir des morceaux (mais les artistes ont signé une convention les obligeant à réparer…). L’affiche combine donc les fleurs-miroirs de Hurk et la perspective de la Grande Terrasse : l’effet est puissant mais ne correspond à rien que puisse voir le visiteur alléché. Ces fleurs-miroirs ne figurent pas à cet endroit et, en aucune manière, ne sont aussi monumentales. Bref, de mauvais esprits pourraient y voir une publicité mensongère …
Dans l’AC, l’Art très contemporain, il n’y a plus beaucoup d’art (au sens où une forme véhicule un contenu), ici ne reste que la « com » (lisez comment les cartels abusent de références prestigieuses pour faire mousser « l’œuvre ») …et finalement, ce média dissout tout message.
* Les Nouvelles folies françaises
Exposition-promenade jusqu’au 14 octobre
Une exposition d’artistes contemporains internationaux dans le Domaine national et dans le Château (Musée d’Archéologie nationale) de Saint-Germain-en-Laye pour célébrer l’année Le Nôtre.
Les jardins du Domaine s’ouvrent à la création d’œuvres éphémères (ou pérennes) et de sculptures végétales «in natura» qui habilleront le jardin, ses allées, sa Terrasse. Il s’agit également de construire un espace ludique propice à la promenade et à la liberté de l’imagination, destiné à tous les publics, adapté au site et à sa riche histoire.
Commissariat : Patrick Amine
Artistes présents :
Lee Bae (KS)
Pascal Bernier (Be)
Marc Boulet (Fr) & Lin Yu (Ch)
Céleste Boursier-Mougenot (Fr)
Loris Cecchini (It)
Hervé Di Rosa (Fr)
Pascal Dombis & Gil Percal (Fr)
Joël Ducorroy (Fr)
Jan Fabre (Be)
Jean-Pierre Formica (Fr)
Dario Ghibaudo (IT)
Rainer Gross (De)
Fabrice Langlade (Fr)
Wesley Meuris (Be)
Côme Mosta-Heirt (Fr)
Vincent Olinet (Fr)
Samuel Rousseau (Fr)
Yu Sung Il (KS)
Pascale-Marthine Tayou (Cm)
Valentin Van der Meulen (Fr)
Jan Van Oost (Be)
Bob Verschueren (Be)
Joachim Van Den Hurk (Nl)
Moo Chew Wong (Fr)
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