La chanteuse Anne Peko vient de passer tout l’été à interpréter 25 chansons de Barbara, dix-sept ans après sa disparition, dans la grande salle du Lucernaire. Un vrai succès qui devrait être transformé bientôt dans un autre théâtre. À suivre.
Il faut de la grâce et du souffle pour oser chanter Barbara. Anne Peko ne manque ni de grâce ni de souffle. Elle a intériorisé les mélodies de la longue dame brune, son rythme, sa cadence, la poésie de ses chansons. Et elle se présente, pudique, sobre et malicieuse devant son public. Barbara avait les cheveux noirs et courts, Anne Peko a les siens longs et roux. L’une semble immobile, toujours, devant son piano ou son micro ; l’autre avance à pas lents, virevolte, se cabre et s’assoit, guette les silences et rebondit après chaque applaudissement. L’une portait le noir comme un deuil perpétuel, l’autre porte tantôt du noir, tantôt du rouge comme une alternance de gravité et de légèreté. Le public est recueilli car il connaît les chansons de Barbara comme il paraît être habité par sa poésie indémodable. Quelques jeunes dans la salle découvrent une chanteuse, des textes, une voix et un esprit libre et tendre. Que retenir de Barbara en 2014 sinon cette capacité en quelques minutes à délivrer une histoire, un conte, des sensations et une mélancolie toujours sentimentale.
« Vienne », « Soleil noir », « Drouot », « Nantes »
Anne Peko restitue cet indicible et insondable charme de la langue et de la mélodie. Chaque mot est pesé, choisi avec ferveur, en harmonie dans des phrases courtes et d’une beauté qui transcende le réel. Anne Peko est devenue l’interprète du talent de Barbara, musicienne née, à force de travail et de conviction. On l’écoute, silencieux, chanter « Soleil noir », « Ce matin-là », « Vienne » ou « Drouot », accordée au piano, au violon, à la guitare, comme si la voix se faisait instrument de musique. Point d’orgue à cette salve de beautés, la fameuse chanson dédiée à son père mort, « Nantes », interprétée en un murmure, la voix fluide, un peu rauque, tendre et sans douleur, dans la pureté des mots, du récit insensé, une des plus belles chansons d’amour du répertoire français. Le public vit et vibre alors avec Anne Peko, touché au cœur, atteint à l’âme, au bord des larmes. Rien que pour cette chanson, le spectacle qu’elle a monté vaut la peine d’être vu et entendu.
Gageons son spectacle soit repris dans les mois à venir par le Lucernaire ou un autre théâtre, en attendant tune tournée en province
Ma cantate à Barbara,
Spectacle d’Anne Peko. Piano: Pierre Michel Sivadier Violon: Jean Lou Descamps Guitare: Serge Sala Chant, conception, réalisation: Anne Peko.
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