Melchior Liboà on the rock

/Avec les années, Melchior Liboà prend de la bouteille, et ça lui réussit. Ce grand amateur de Jack Daniel’s et de rockabilly a pris le temps qu’il fallait pour composer un nouvel album, court (six titres), mais affûté et précis comme une lame.

Il y a dans ses textes quelque chose de profond et de las à la fois, des propos désabusés et ironiques sur les travers de la vie quotidienne qui ne sont pas sans rappeler le regretté Bashung. Il y a aussi une noirceur et une brutalité, un son de guitare rageur et une voix cassée qui rappellent Noir Désir, bien qu’il s’en défende. On pourrait encore chercher des influences du côté du rock américain ou de la chanson française mais ce serait vain car cette musique existe et s’impose d’elle-même.

Entre ironie et désabusement, mélancolie et désir, les six titres du nouvel album touchent juste, plus sombres que jamais mais aussi plus parfaitement arrangés et écrits – et l’on sent, à travers les mots et la voix, que la maturité est là, qui vient couvrir les blessures et les sublimer par la musique.

Dès les premières mesures du premier titre, « L’amour est blessé par les mots des chansons qui portent la folie » (qui est également le nom de l’album) s’installe cette subtile mélancolie qui parcourt le disque en son entier, montant encore d’un cran au deuxième titre, pour reprendre ensuite de la légèreté avant de revenir, discrètement, sous les paroles elliptiques de cette piste au titre fantasque, « le malheur injecte du sang de tigre dans les veines des escargots ».

/Dans la deuxième partie du disque, le spleen se dévoile et révèle sa nature qui n’est autre que le désenchantement des relations amoureuses et l’impossible réussite de cette quête. Les textes plus travaillés et moins crus que sur les précédents albums maintiennent à juste distance cet idéal amoureux toujours décevant, en laissant glisser les mots avec le dédain affecté de celui qui ne veut plus y croire.
Vient alors en tête cette strophe d’Apollinaire qui pourrait servir d’exergue au disque :

« L’anémone et l’ancolie / Ont poussé dans le jardin / Où dort la mélancolie / Entre l’amour et le dédain. »

Un très bel album écrit et composé entièrement par Melchior Liboà et coproduit avec Thierry Prohom, que l’on se procurera sans peine sur Internet.

Melchior Liboà, l’amour est blessé par les mots des chansons qui portent la folie.

Album en écoute et en vente sur :

http://melchiorliboa.wix.com/melchiorliboa
http://melchiorliboa.bandcamp.com/
http://1d-paca.com/fr/album/lamour-est-blesse-par-les-mots-des-chansons-qui-portent-la-folie

1 Comment

  1. Programmateur amateur et bénévole au vox (vox populi 45220 chateau-renard) je fuis les progs consensuelles et je m’éclate à faire découvrir des pépites.
    Melchior, je le place tout en haut dans ma play list, avec J .L. Chinaski Bukowski juste à côté, pour surveiller la bouteille de Jack Daniel’s …

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