Dans notre dossier sur la rentrée littéraire, nous notions que Michel Houllebecq, malgré la rumeur croissant sur le net et dans les milieux littéraires, était le grand absent de la rentrée.
Mais – très bon coup marketing de Flammarion et Grasset – voici qu’ils coéditent la correspondance, dès l’origine vouée à être livrée au public, de BHL et Houellebecq. Quelle valeur dès lors accorder à cet échange épistolaire, censé lever, partiellement, le voile sur deux écrivains qui se définissent d’emblée comme les ennemis publics ?
Les masques ne tombent pas vraiment, les deux écrivains jouent à brouiller les pistes, s’auto dénigrer ou se congratuler mais demeurent dans le fond immuables, BHL jouant à la perfection son « numéro de bien-pensant, redresseur de torts idéologiques et rappeleur à l’ordre des bons sentiments », Houellebecq, celui du cynique détestable. Il n’en demeure pas moins que certains passages sur leurs conceptions de la littérature, certains débats philosophiques, presque métaphysiques ne sont pas totalement dénués d’intérêt.
Quant aux éléments biographiques jetés ici et là, qu’ils soient vrais ou faux, que leurs sentiments soient sincères ou affectés n’a somme toute que très peu d’importance. Saurons-nous un jour la vérité et la voulons-nous vraiment ? Houellebecq résume cela très bien : « Mais on en est à dire plus ou moins la vérité, n’est-ce pas ? »
Michel Houellebecq, Bernard-Henri Lévy, Ennemis publics, Flammarion Grasset, 324 pages, 20 euros
Poster un Commentaire