Harry Brown de Daniel Barber

/Au cœur d’un quartier difficile de Londres, lesté du fardeau de la violence et de la délinquance, Harry Brown (Michael Caine), militaire à la retraite, va briser la loi du silence et s’improviser justicier.

Tous les jours, Harry rejoint son ami Léonard pour jouer aux échecs. Tous les jours, il évite de croiser les regards menaçants et agressifs des adolescents qui font régner la terreur sur la banlieue. Jusqu’au jour de trop, jusqu’à l’instant de basculement où la police vient lui apprendre la mort tragique de son compagnon.
Bouleversé, et fort du constat de l’impuissance de la police, Harry va brusquement s’extraire de sa condition de simple retraité, bien décidé à prendre les armes contre les agresseurs de son défunt ami.

S’ensuit la croisade d’un homme révolté, contraint de rendre justice par ses propres moyens. Un individu, qui à force de subir brimades et menaces, et pour venger son ami, n’hésite pas devant l’adversité et la détermination de bandes violentes.

Michael Caine, acteur présent à l’écran depuis près de cinquante ans, incarne à merveille ce vieil homme emporté par la colère et le désespoir. Servi par la mise en scène austère et l’esthétique réaliste de Daniel Barber (qui signe ici son premier long-métrage), l’interprète du Limier (Mankiewicz, 1972) et d’Un Pont Trop Loin (Attenborough, 1977) insuffle à son personnage une force de persuasion indéniable.

Film de genre sans conteste, émaillé de références (Un Justicier dans la ville avec Charles Bronson par exemple), Harry Brown n’en demeure pas moins un essai réflexif sur des questions sociétales.
Violence urbaine, piétinements juridico-policiers, insécurité sont autant de problèmes soulevés le long du parcours de ce retraité hors-norme. Comme si Clint Eastwood avait croisé la route de Ken Loach.

Au final, Harry Brown se révèle plus profond qu’il ne le laisse entrevoir. Outre sa violence parfois excessive, et son idéologie ambiguë (apologie de la vengeance ? Plaidoyer de la Loi du Talion ?), il lance au spectateur une question essentielle.
Qu’aurions-nous fait à sa place? Comment aurions-nous agi pris au cœur d‘un tel enfer quotidien ? Aurions-nous laissé parler nos instincts ou notre raison ?
À vous de juger…

Guillaume Blacherois

Harry Brown de Daniel Barber. Avec Michael Caine, Emily Mortimer.
Sortie nationale le 12 janvier 2011.

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