Contrairement au marché tant décrié de la musique, les festivals se portent bien notamment grâce à des audiences record. Pour preuve, les Francofolies de la Rochelle affichent fièrement 81 000 visiteurs, devancées par les Eurockéennes de Belfort, qui affichent complet avec 100 000 spectateurs et enfin, sur la première marche du podium, les pirates bretons des Vieilles charrues avec 215 000 personnes.
Pour accueillir ces milliers de pèlerins, les organisateurs doivent résoudre une véritable équation. Outre la variante classique et connue du financement de l’opération, avec une part de 20% en moyenne des sponsors, s’ajoute la ligne artistique. Point névralgique de l’avant festival, le choix des artistes constitue la variante indispensable pour afficher sa personnalité et pour finir, la grande inconnue, le résultats de la billetterie. Par souci d’indépendance et pour garantir une fête musicale, chacun met en œuvre ses astuces pour équilibrer cette grande balance. Afin de préserver l’image de l’événement, des solutions existent pour diminuer la pression d’une programmation au tout venant mercantile. Les Eurockéennes parviennent à éviter cet écueil, en 2004 et cette année, par la mise en place d’un système de mécénat. Par des dons, les entreprises redorent leur image de marque. Autre avantage, l’exonération d’impôts de 60% de la valeur du don, qui se double de petits cadeaux en nature. D’autres festivals en Europe suivent cet exemple notamment le Montreux Jazz festival en Suisse.
On peut parler de développement durable des festivals
Cette manne financière ne résout évidemment pas les pressions artistiques de la programmation. Cet été, il devient donc difficile d’échapper aux The Do, Moriarty et autres Sébastien Tellier. Que faire face à cette frénésie commerciale ? S’unir ? Peut être, comme l’ont pensé plusieurs directeurs de festivals en se fédérant pour mieux échanger et converser ensemble. Pour Jean Paul Roland, directeur du festival des Eurockéennes « on peut parler de développement durable des festivals. Cette fédération laisse tomber la hiérarchie entre gros et petits. » Cette réunion d’amis regroupe, les Nuits Botanique, Art Rock, Le Rock Dans Tous Ses Etats mais encore le Sziget festival, la Route du Rock, le Paléo festival ainsi que les deux initiateurs du projet, les Eurockéennes et les Vieilles Charrues. Alors, illusion de bonne camaraderie ou réelle évolution des festivals ?
Chaque année, le résultat de cette collaboration fraternelle est publié sous forme d’un magazine intitulé « Festivals » donnant lieu à une présentation de ceux-ci ainsi que des articles de fonds sur les enjeux du secteur. Á cette réussite éditoriale s’ajoutent des actions de services pour les festivaliers dont l’expérience est partagée. Sur le plan scénique, outre l’exportation du projet entre l’orchestre la Symphonietta de Belfort et le groupe Dionysos en 2007, il y a peu d’échanges inter festivals. Pas question pour cette bande de copains de tout mélanger « C’est un échange constructif pour l’avenir du milieu mais nous n’avons pas besoin des autres pour faire notre programmation » précise Alex Stevens du Dour festival en Belgique. Ce constat montre une belle initiative pour le développement des festivals en tant que tel mais se réserve habilement l’appréciation de la programmation, vecteur de différenciation de ce phénomène devenu marché concurrentiel.