Romaric Sangars : Conversion

Après Suffirait-il d’aller gifler Jean d’Ormesson pour arranger un peu la gueule de la littérature française, qui tenait davantage de l’exercice de critique littéraire que du pamphlet, et un beau premier roman, Les Verticaux, Romaric Sangars publie le récit de sa Conversion, lequel commence par ces mots « Je suis un catholique romain du IIIe millénaire, de la secte de Jésus… »

Ces mots qu’il a fini par faire siens, c’est sous forme de graffiti que Romaric Sangars les a rencontrés au cœur de Paris, à l’orée du troisième millénaire, alors que, tout jeune homme, il était venu trouver refuge dans la capitale française, quittant les Alpes et un amour brisé.

Quittant, pour ainsi dire, et comme il l’explique, l’enfance, la première partie de sa vie et, se libérant d’une peau devenue trop étroite, inconfortable, arrivant nu et vulnérable, se trouvant bientôt à choisir entre la folie ou la mort, avant de trouver la voie du Christ.

Rare récit, si intime et si touchant, que celui de ces années d’apprentissage où, de musicien de black metal, d’adepte des tables tournantes, d’ésotérisme, de poésie et d’art révolté, le jeune homme apprendra à dépouiller son corps pour retrouver, battant parmi le rien, l’âme qu’il a toujours eue et qui l’attendait, plongée dans l’espérance.

Avec ses longues phrases enroulées autour de leur sujet comme de longues volutes de fumée et ses images éruptives qui éclairent comme des faisceaux ayant parcouru le monde, ce récit place son auteur dans une lignée dont il n’a pas à rougir.
Il nous convainc que rien n’est jamais perdu et que tout constamment se transforme, si l’on peut encore, de nos jours, embrasser une religion bimillénaire qui n’a pas pour elle les faveurs de l’époque, qui pourtant trouve à séduire des amoureux de l’art le plus actuel, des ultimes innovations technologiques.
La fin de Conversion est particulièrement édifiante, et plonge son jeune auteur dans le sillon de l’immense Péguy.

Écrivain et catholique, Romaric Sangars se présente à la fois incorrect et classique ; en même temps ici et ailleurs, fort d’une communauté innombrable et résolument seul. Capable de s’agenouiller pour communier après une nuit blanche, au côté d’une jeune fille accueillant l’hostie sur une langue piercée. De quoi en dérouter quelques-uns.

 

Romaric Sangars, Conversion, éditions Léo Scheer, 176 pages, 17€

©Benjamin de Diesbach

Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.