Comment caser les copains et casser l’indépendance d’un art de la rue ne voulant aucun intermédiaire entre son public et ses créateurs ? Créer à l’université une maîtrise … de Hip Hop. En haut lieu on pense, sans rire, à cette « reconnaissance du Hip Hop »… Mais cet hiver la dernière mode culturelle, c’est : À l’occasion du 5ème anniversaire des attentats de « Charlie Hebdo », le ministre de la Culture, Franck Riester, a annoncé tambour battant la création d’une « maison du dessin de presse et du dessin satirique », il y aurait urgence vu les «menaces (qui) pèsent sur eux dans le monde ». L’urgence c’est plutôt les 141 pages du rapport Racine qui montrent que si la BD est un des secteurs de l’édition en pointe, la situation des auteurs périclite : 53% d’entre eux vivent en dessous du Smic, 50% des femmes sous le seuil de pauvreté, avec un accès difficile aux droits sociaux. D’où la préconisation d’un « Conseil national des artistes-auteurs » (énième usine à gaz) et une bronca qui monte avec “un débrayage” (des signatures) prévu le 31 janvier à Angoulême ! Ce salon « international », unique en France voire en Europe, le ministère ne le connait pas. Normal, il a été fondé non par des bureaucrates, mais par une bande de copains qui, pour aggraver leur cas, ont réussi. Donc c’est Bordeaux, voisine et nouvelle capitale régionale, qui se porte généreusement candidate pour accueillir la nouvelle structure de l’ami Franck. Normal : une initiative qui réussit l’Etat la détourne (détournement duchampien !) au profit des politiques. Vous ne voudriez quand même pas que 2600 habitants d’un patelin perdu bénéficient égoïstement d’une activité de prestige ? D’ailleurs le dessin mordant et les mordus qui tournent autour, doivent être encadrés, non mais ! Le tour de passe-passe est un peu gros et les parachutes s’ouvrent : l’instigatrice de ce projet serait Maryse Wolinski, tiens, on ne la savait pas secrétaire d’état ou fonctionnaire (?). Une amie du salon : on n’est jamais si bien trahi que par les siens ( ?) La pauvre aurait voulu réaliser le vœu de son défunt mari Georges Wolinski, auteur d’un rapport sur « La promotion et la conservation du dessin de presse ». Sauf que ce rapport, soi-disant daté de 2011, aurait été rédigé en 2007… quand le centre permanent de Saint-Just n’existait pas ! Mais heureusement la bande dessinée et le dessin de presse sont entrés sous la Coupole, le 15 janvier avec l’élection surprise et au premier tour, svp, de la dessinatrice Catherine Meurisse. À 39 ans, cette rescapée du massacre de Charlie Hebdo, dessinatrice de « Moderne Olympia » et « Le Pont des arts », devient la benjamine de l’Académie des beaux-arts. Pourquoi ne pas inventer une section dédiée ? Il est dommage que la reconnaissance de la BD se fasse à nouveau au détriment de la peinture : sur les 8 sièges d’une section dite de peinture, une dessinatrice et deux conceptuels déjà et… ce n’est pas fini. L’exemple vient de haut, le Louvre n’a rien trouvé de mieux que de décrocher la peinture italienne d’avant la Renaissance du Salon carré y compris la fameuse Maesta de Cimabué. D’habitude, on justifie la présence d’artistes vivants dans les musées par leur dialogue avec les artistes consacrés par les siècles, (et ce dialogue se change en carambolage ). Le Louvre a coupé court à l’exercice, il est vrai que le concept d’Outrenoir est assez mutique : du coup les Soulages en solo transforment le Salon carré en show-room : déshabiller Cimabué pour habiller Pierre (Soulages)(1) ? Christine Sourgins Photo : Cimabue alias Bencivieni di Pepo, Italian Painter – Nicolas de Larmessin • (1) des Soulages on peut en voir dans bien des endroits, Cimabué n’a que quelques œuvres survivantes et peu de musées pour être visibles ! |
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